Ju Wenjun conserve son titre, quel avenir pour les échecs féminin ?

Ju Wenjun Championne du Monde d'échecs féminin 2018

Ju Wenjun a remporté, après les départages, la finale du Championnat du Monde d’échecs féminin qui l’opposait à Kateryna Lagno. Elle conserve donc son titre mais cette compétition a été l’occasion d’évoquer à maintes reprises l’avenir des échecs féminin. Faisons le point sur tout cela.

Depuis quelques années le Championnat du Monde d’échecs féminin alterne un tournoi système KO avec un match qui oppose la Championne et sa Challenger. A ce petit jeu la tenante du titre était la chinoise Ju Wenjun, deuxième joueuse mondiale au classement féminin. Hou Yifan, sa compatriote, est la meilleure joueuse d’échecs du monde à l’heure actuelle mais elle ne participe plus aux compétitions féminines depuis quelques années. Nous reviendrons sur cela après un détour par la dernière édition du Championnat du Monde d’échecs féminin dont vous pouvez retrouver toutes les informations et les résultats sur la fiche de l’événement : Championnat du Monde féminin KO 2018.

Retour sur la compétition 2018

128 joueuses étaient donc sur la ligne de départ de ce tournoi à élimination directe dont la tenante du titre Ju Wenjun. Elle a d’ailleurs complètement dominé sa partie du tableau puisqu’elle est parvenue jusqu’à la finale sans avoir eu besoin de passer par les départages lors de ses mini-matchs. Dans l’autre partie du tableau c’est la joueuse russe Kateryna Lagno, 4eme joueuse mondiale au classement du mois de novembre, qui s’est qualifiée pour la finale non sans difficulté. En huitième de finales elle a éliminé Natalija Pogonina au bout du suspens après la partie Armageddon.

Championnat du Monde d'échecs féminin 2018 finale départages Kateryna Lagno

Kateryna Lagno pendant les départages de la finale contre Ju Wenjun (Photo site officiel)

La finale opposait donc Ju Wenjun et Kateryna Lagno dans un match en 4 parties classiques. Après une première nulle c’est la joueuse russe qui a pris l’avantage en manœuvrant bien lors de la seconde partie avec les pièces blanches. Dans la troisième partie, Ju Wenjun, avec les pièces blanches, doit de nouveau se contenter du partage du point. Elle était donc au pied du mur avant la dernière partie classique.

Mais lors de l’ultime partie, une Défense sicilienne, elle va faire craquer sa concurrente et décrocher le droit de disputer les départages le lendemain. Les deux prétendantes au titre ne vont pas se départager après les deux premières parties rapides des départages. Finalement, lors du premier blitz Ju Wenjun a dominé Kateryna Lagno et dans le second blitz le dénouement va être dramatique pour la russe qui va donner sa Dame dans une position égale. Ju Wenjun conserve donc son titre de Championne du Monde.

L’avenir des échecs féminin en question

La nouvelle présidence de la FIDE l’a promis, ce titre obtenu dans un tournoi à élimination directe est le dernier à l’être de cette manière. Un Tournoi des Candidates sera organisé pour déterminer la future Challenger de la Championne qui remettra son titre en jeu en 2020 dans un match en 10 parties. Les demi-finalistes du tournoi KO de cette année, sauf la gagnante, sont automatiquement qualifiées pour ce Tournoi des Candidates.

Mais que vaut ce titre alors que la meilleure joueuse d’échecs, Hou Yifan, ne participe plus à la compétition depuis la mise en place du système KO. Surtout, les compétitions féminines ont-elles encore leur place dans le monde des échecs ? C’est une question que certains posent alors qu’ils pensent que le niveau plus faible des femmes est dû à leur existence. Susan Polgar répond qu’elles sont nécessaires pour faire rester les femmes dans le jeu.

Lire l’article de Susan Polgar “WHY IS THERE A NEED FOR SOME ALL-GIRLS’ OR WOMEN’S CHESS TOURNAMENTS?”

Susan Polgar

Susan Polgar pense qu’il est nécessaire de maintenir des compétitions féminines

Les échecs ont cette particularité d’être mixte mais de conserver une catégorie féminine qui permet actuellement aux meilleures joueuses d’espérer pouvoir vivre de ce jeu. Les détracteurs de cette catégorie proposent de la supprimer progressivement car elle est pour eux responsable du nivellement vers le bas des joueuses. Ils prennent d’ailleurs, à tort, l’exemple d’une discipline mixte telle que l’eSport. En effet, cette discipline uniquement mixte dès son origine commence à envisager de mettre en place des compétitions féminines afin de permettre aux femmes de ne pas lâcher prise dans cet univers majoritairement masculin.

Lire l’article de l’Equipe « Quel avenir pour l’eSport féminin ? » 

Finalement, une discipline pourtant mixte dès son origine, l’eSport, prend le chemin d’une autre discipline qui l’est devenue, les échecs. La raison est sûrement qu’elles ont un véritable point commun : le pourcentage de joueur est bien plus important que le celui des joueuses. Les femmes représentent 5 à 10% des joueurs classés aux échecs en France et aussi dans le monde. Le pourcentage de femmes jouant aux échecs n’est pas le même dans tous les pays. Ainsi, on trouve 30% de joueuses en Chine et 27% de joueuses en Géorgie. Cependant il reste très en dessous de celui des hommes et il est donc beaucoup plus difficile de voir émerger des joueuses du niveau du Top 10 mondial.

Dans certains pays on pourrait penser que c’est parce que les femmes n’ont pas accès facilement à ce jeu mais dans les pays comme la France difficile d’imaginer cela. Personne ne les empêche de jouer autant aux jeux vidéos ou aux échecs que les hommes et pourtant elle ne le font pas. Heureusement dirons nous, les hommes et les femmes sont encore différents. En tout cas, dans la mesure où elles sont libres de participer aux compétitions mixtes, laissons les femmes choisir leur avenir dans les échecs ! C’est ce qu’a fait Hou Yifan même si elle se prive peut être de quelques gains en ne participant plus aux compétitions féminines.

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